Depuis janvier 2025, la directive européenne CSRD oblige les grandes entreprises en France à publier un reporting extra‑financier détaillé. Et d’ici 2028, certaines PME cotées seront à leur tour concernées. Il y a donc fort à parier que l’exercice se démocratise au fil des ans. C’est pour cette raison que tout acteur qui veut rester compétitif, lever des fonds, répondre aux exigences clients ou simplement recruter des talents en quête de sens doit plus que jamais s’y intéresser dès maintenant.
Je vous propose ainsi de faire un tour d’horizon de l’importance de ce rapport, qui élève la responsabilité et la durabilité au rang d’enjeu stratégique capital, et de la façon dont il structure la gestion des risques, améliore la performance financière et renforce la confiance des parties prenantes.
Quels sont le cadre et les obligations du reporting RSE ?
Avant d’aller plus loin, je vais prendre le temps de clarifier la notion la plus importante de cet article, à savoir le sigle RSE. Car derrière ce terme un peu flou, l’État désigne la Responsabilité Sociétale des Entreprises.
Concrètement, un reporting RSE est un rapport qui traduit, preuves à l’appui, la manière dont une activité crée de la valeur à long terme, limite ses émissions de carbone et gère ses différents impacts sociaux, sociétaux et environnementaux. Rien que ça !
Et comme je l’ai évoqué dans l’introduction, la directive CSRD élargit progressivement l’obligation de cette déclaration extra‑financière, de 2025 à 2028, où elle touchera de plus en plus de secteurs et d’entreprises, y compris certaines PME cotées. En bref, ne rien faire aujourd’hui, c’est courir le risque d’un vrai retard de conformité.
Mais en tant que dirigeant, vous vous dites peut-être que votre groupe n’est pas encore concerné, et que vous n’avez aucun intérêt à investir dans ce reporting RSE ? Pourtant, si vous avez des clients grands comptes, vous devez garder à l’esprit que ces derniers vont probablement devoir consolider leurs données extra-financières tout au long de leur chaîne de valeur. Or, ils vous demanderont des indicateurs sur vos propres pratiques (sécurité des données, climat, émissions Scope 3, pratiques de travail des fournisseurs, etc.). Même sans obligation légale directe, le marché place le reporting RSE au cœur de vos enjeux commerciaux, que vous le vouliez ou non.
Et puis, ne perdez pas de vue que le cadre normatif s’affine. De plus en plus de normes viennent encadrer les mesures, la taxonomie verte détaille les objectifs de développement durable, et les standards ESG exigent de publier des informations comparables, contrôlables et auditables. Plus tôt vous vous familiariserez avec ces données, plus simple sera votre potentiel audit de conformité et moins cher sera le coût de mise en place, même si c’est encore loin à vos yeux.
Quels sont les enjeux du reporting RSE au-delà de la conformité ?
Le reporting RSE est une sorte de miroir stratégique. Il révèle les risques que vous prenez et les opportunités que vous saisissez. Par exemple, en consolidant vos données d’énergie, de carbone et de sécurité, vous pourriez identifier des coûts cachés et des gains possibles sur les déchets, le transport, les pratiques d’approvisionnement, etc. Quant à l’évaluation de matérialité, qui vous oblige à classer vos priorités selon l’impact sur vos activités et parties prenantes, elle pourrait vous éclairer sur votre stratégie globale, notamment en vous permettant d’investir là où se croisent le retour financier et le développement durable.
Et puis, ne nous voilons pas la face, une entreprise transparente obtiendra toujours de meilleurs taux auprès des investisseurs ESG, réduira le coût de sa dette et séduira un plus large groupe d’actionnaires. Mais n’allez pas croire que la performance financière est sacrifiée ! Elle est seulement réorientée.
Ne négligez pas non plus les talents qui exigent de donner du sens à leur parcours et qui se montrent de plus en plus intéressés par ces notions. Montrer dans votre bilan social les actions que vous menez pour l’égalité, la formation et la sécurité au travail peut ainsi significativement renforcer votre marque employeur, en plus de réduire le turn-over et d’améliorer la gestion des compétences.
Mais ce n’est pas tout, puisque sur le plan opérationnel, le reporting RSE pousse à la standardisation des processus. Même grille d’indicateurs pour chaque site, mêmes normes ISO, même logiciel de collecte, etc. Vous gagnez en fiabilité, en temps et en sérénité quand vient le moment de présenter vos chiffres. Et en cas de crise (pénurie d’eau, flambée du prix du carbone, nouveaux risques climatiques), vous avez déjà une excellente cartographie pour réagir. Eh oui ! Le reporting RSE n’est pas un coût, il peut au contraire devenir une assurance vie.

Comment mettre en place un reporting RSE efficace et utile ?
Pas facile de passer de la théorie à l’action, n’est-ce pas ? Et pourtant, à cœur vaillant rien d’impossible.
Commencez par vous fixer des objectifs clairs, alignés à la fois sur votre plan stratégique, mais aussi sur les 17 objectifs de développement durable adoptés en 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Ensuite, choisissez vos indicateurs : intensité carbone, ratio déchets/produits, fréquence d’accidents, pourcentage d’achats responsables, etc. Le seul mot d’ordre est de toujours vous assurer qu’ils sont pertinents pour votre secteur. La cohérence prévaudra toujours sur les chiffres.
Mais surtout, équipez-vous comme il se doit. Par exemple, il existe de nombreuses solutions digitales pour automatiser la collecte des données, mais aussi pour consolider et éditer votre rapport RSE. Certaines plateformes vous permettent même de générer un PDF prêt à être publié et que toutes les parties prenantes autour de votre entreprise pourront télécharger en un clic. Plus vous centraliserez vos données, plus vous réduirez les erreurs, faciliterez le travail des auditeurs et accélérerez votre mise en conformité future.
Et n’oubliez pas la gouvernance dans le processus ! Pour cela, nommez un responsable en interne, organisez des sessions de formation pour que chaque service comprenne l’importance des informations saisies. Parce que toutes vos données doivent servir aux acteurs de la chaîne de valeur (l’entrepôt pour la consommation énergétique, les ressources humaines pour le rapport aux salariés, l’acheteur pour la traçabilité, etc.). C’est un projet collectif, pas uniquement l’œuvre d’une seule personne derrière un bureau.
Enfin, ne faites pas que rapporter des chiffres. Racontez aussi leur histoire. Votre reporting RSE doit être vivant et mettre en lumière vos actions phares, tout comme il doit expliquer vos échecs et détailler vos plans d’amélioration. Montrez comment vous réduisez vos émissions, comment de nouvelles pratiques ont sécurisé votre chaîne d’approvisionnement, comment votre société a investi dans la durabilité des compétences, etc. C’est de cette façon que vous transformerez cet exercice réglementaire en un levier de réputation tout à fait exceptionnel.
Le reporting RSE est à la fois une obligation qui s’étend, mais c’est aussi un révélateur de performance, un guide de gestion des risques et un vecteur de confiance (pour les partenaires, les collaborateurs, les clients). Saisissez‑le aussi vite que possible, structurez votre démarche dès maintenant en collectant des données solides, et placez votre entreprise au centre d’une économie plus durable. Vous verrez, tout le monde y gagnera.