Quand on se lance à son compte, on doit penser aux clients, à la trésorerie, à la TVA, à l’assurance, mais également à la retraite. Ce dernier point est même un sujet central, car en tant qu’indépendant, on ne bénéficie pas du système automatique des salariés. Pas de DRH, pas de bulletin avec lignes toutes faites. On est livré à nous-mêmes et on doit comprendre à quoi on cotise, pourquoi, et surtout, combien cela nous rapportera le jour venu. Et croyez-moi, comprendre les cotisations retraite quand on est travailleur non salarié (TNS) ou assimilé salarié, ce n’est pas une sinécure. Moi-même, après autant d’années à baigner dans l’entrepreneuriat, je me surprends encore à découvrir des trucs.
Je vous ai donc préparé un petit topo utile et concret, avec l’essentiel de ce que vous devez savoir sur les cotisations retraite des indépendants (ce que vous payez, ce que vous validez, et comment bénéficier demain d’une pension retraite digne de ce nom).
L’âge et les trimestres : les bases communes
Peu importe votre statut ou votre activité, les grandes règles sont les mêmes pour tout le monde.
- L’âge légal de départ à la retraite est compris entre 62 et 64 ans, selon votre année de naissance.
- Le taux plein est accordé si vous avez validé entre 166 et 172 trimestres, selon votre génération.
- À partir de 67 ans, vous bénéficiez automatiquement du taux plein, même si vous n’avez pas tous vos trimestres.
Sauf que pour valider un trimestre, il ne suffit pas d’attendre. Il faut au contraire cotiser un montant minimum chaque année. Autant dire que si vous ne déclarez pas assez de revenus, vous ne validez rien, même si vous avez travaillé.
Or, sans ces fameux trimestres, votre pension sera minorée. On parle alors de décote. À l’inverse, si vous avez des trimestres en plus, vous obtenez une surcote.
Pour faire simple, vos cotisations ne sont pas juste un impôt supplémentaire dont vous devez vous acquitter. Elles servent surtout à financer vos droits futurs.
Le régime des TNS : artisans, commerçants et libéraux non réglementés
En tant que travailleur non salarié (gérant majoritaire d’EURL ou SARL, auto-entrepreneur, indépendant en libéral), vous dépendez de la Sécurité sociale des indépendants.
Vos cotisations retraite sont donc calculées sur votre revenu net (bénéfice après charges), et ce, selon deux tranches :
- 17,75 % jusqu’à 1 PASS (47 100 € en 2025) ;
- 0,60 % au-delà de ce plafond.
Même sans revenu, vous devrez payer une cotisation minimale annuelle, autour des 1 000 €, ce qui vous valide 3 trimestres.
Et pour la complémentaire retraite ?
- 7 % jusqu’à 38 916 € (en 2024) ;
- 8 % au-delà, jusqu’à 164 544 € (en 2024).
Bon à savoir : Le régime TNS est bien moins généreux que celui des salariés. Si vous voulez éviter d’avoir une pension toute petite une fois arrivé à la retraite, je vous conseille vivement de vous pencher sur une complémentaire privée.
Les professions libérales réglementées : un secteur à part
Si vous exercez une profession libérale réglementée (médecin, notaire, architecte, etc.), vous dépendez de la CNAVPL, qui regroupe plusieurs caisses spécifiques selon votre activité (CIPAV, CARMF, CAVEC, etc.).
Le régime de base fonctionne alors par points :
- 8,23 % de cotisation jusqu’à 1 PASS avec un maximum de 525 points (en 2024) ;
- 1,87 % jusqu’à 5 PASS avec un maximum de 25 points (en 2024).
Si vos revenus sont faibles, vous paierez tout de même une cotisation minimale pour ne pas perdre vos droits.
Chaque caisse gère ensuite sa propre complémentaire et c’est là que ça se corse. Barèmes, montant, valeur du point, etc., tout varie d’une profession à l’autre. Mais dans tous les cas, plus vos revenus sont réguliers, plus votre retraite est solide.
Le cas spécifique de la micro-entreprise
En micro-entreprise, vous êtes rattaché au régime micro-social. En d’autres termes, vos cotisations sont proportionnelles à votre chiffre d’affaires et non à votre bénéfice.
Voici les taux globaux pour 2025 (qui incluent la retraite) :
- 21,20 % pour les prestations artisanales/commerciales ;
- 21,10 % pour les prestations libérales ;
- 12,30 % pour la vente de biens.
Le hic ? Si vous ne déclarez pas de chiffre d’affaires, vous ne cotisez pas. Et sans cotisations, pas de retraite.
D’ailleurs, pour valider un trimestre, il vous faut au moins :
- 3 564 € de chiffre d’affaires pour les services artisanaux ;
- 2 700 € de chiffre d’affaires pour les BNC ;
- 6 145 € de chiffre d’affaires pour la vente.
Bref, même si vous avez bossé comme un fou, si votre revenu ne suit pas, l’assurance retraite ne reconnaîtra rien. Je conseille donc aux micro-entrepreneurs d’être très vigilants et de faire ce que je fais moi-même : suivre leurs trimestres chaque année.

Les assimilés salariés : SASU, SAS et gérants minoritaires
Si vous êtes président de SAS/SASU ou gérant minoritaire de SARL, vous êtes assimilé salarié. Cela signifie que vous avez beaucoup de chance, puisque vous cotisez comme un salarié (mais sans avoir droit à l’assurance chômage).
Vos cotisations retraite de base sont donc de :
- 17,75 % sous 1 PASS ;
- 2,30 % au-delà.
Quant à votre complémentaire, celle-ci passe par l’Agirc-Arrco et fonctionne sur la base d’un système de points :
- 7,87 % de cotisation pour un taux de calcul des points de 6,20 % ;
- 21,59 % pour un taux de 17 %.
Comme vous pouvez le constater, plus vous vous versez de rémunération, plus vous cotisez, plus vous engrangez de points. Attention néanmoins, car tous les versements ne génèrent pas 100 % de droits, à cause des fameux coefficients de solidarité.
Certes, c’est un régime plus protecteur, mais il faut tenir compte du fait qu’il coûte plus cher. Si vous vous versez un tout petit salaire, votre retraite ne sera pas bien meilleure que celle d’un travailleur non salarié.
Vous l’aurez compris, quand on est indépendant, la retraite n’est pas automatique (comme les antibiotiques). Vous êtes le seul maître à bord, et si c’est une faiblesse pour certains, je trouve que cela peut aussi être une force. Sauf que pour bien gérer cette situation, il faut arrêter de remettre à demain. Cotisation, régime, retraite complémentaire, prenez le temps de comprendre et d’agir. Vous vous direz merci plus tard.